Les défis sont multiples et multiformes. On ne peut avoir de prospérité économique sans se préoccuper de la nature, des pandémies, de la fragilité, de la disponibilité des aliments, c’est désormais le propre de notre nouveau monde. Les faits cumulés depuis trois ans à l’international n’ont pas aidé la Tunisie à sortir de son marasme économique: pandémie Covid-19 (2020- 2021), conflit Ukraine-Russie et son impact sur les prix des matières premières et des coûts logistiques, sécheresse, etc. Le gouvernement n’a pas anticipé cette situation. D’une crise à l’autre, il a été bousculé ces dernières années heurtées en interne et à l’international. Au cours de la décennie écoulée, la situation économique du pays était préoccupante et l’est encore aujourd’hui. Elle est annonciatrice d’ajustements douloureux. Tout ce qui n’a pas été entrepris à froid en matière de réformes devra l’être à chaud. Les conséquences de la baisse des ressources du pays et de la réduction des marges de manœuvres budgétaires du gouvernement se font ressentir déjà au niveau des conditions de vie de la population et de l’activité des entreprises. De même, la dette publique globale du pays a atteint un niveau inquiétant. Une situation qui entrave les négociations avec les bailleurs de fonds, avec tout ce que cela implique comme conséquences sur le plan social. Notons que l’encours de la dette publique de la Tunisie a atteint 117,1 milliards de dinars à fin février 2023, en hausse de 10% par rapport à la même période de l’année écoulée, selon le ministère des Finances. La dette intérieure représente 43,3% de l’ensemble de l’encours de la dette, alors que la dette extérieure représente 56,7%. Les statistiques ont fait ressortir que la somme allouée au remboursement des intérêts de la dette s’est située au niveau de 855 MD, dépassant, ainsi, l’enveloppe réservée au remboursement du principal de la dette (605 MD), laquelle est en baisse de 56,7%, en février 2023. Le recours de la Tunisie au Fonds monétaire international (FMI), parce qu’elle est encore en crise de trésorerie, est inéluctable, sachant que cette institution financière et bien d’autres ont exprimé leur volonté d’appuyer la Tunisie pour sortir de cette situation critique. Le dossier de la Tunisie sera encore une fois sur la table du FMI. En même temps, elle est appelée à actualiser et mettre en avant les réformes qu’elle a annoncées, car les équilibres macroéconomiques demeurent fragiles tant que persisteront les déficits interne (budgétaire) et externe (balance des paiements). D’ailleurs, la première priorité de l’action gouvernementale serait de s’attaquer à ces déficits en mettant en œuvre simultanément plusieurs actions. Le poids de la dette publique, la poussée inflationniste et la préoccupation de préserver le niveau des réserves de change sont sources de préoccupation. En premier lieu, la situation des finances publiques tant dans son volet dépenses que recettes révèle déjà la faible marge de manœuvre. En plus de l’action de réduction des déficits internes et externes et les corollaires qui s’y rattachent, le second dossier essentiel est celui de la relance de l’investissement, car il est déterminant pour un retour à une croissance économique vigoureuse. En somme, la Tunisie, tout en recourant à l’endettement extérieur, devrait aussi miser sur ses divers leviers internes pour couvrir les besoins de financement du développement.